Cet album sera bien terminé un jour. Il me reste un peu moins de 50 pages à dessiner. Ça ne se fera pas tout seul, mais, si je peux accélérer un peu cet été, je finirai par voir la lumière au bout du tunnel.
Et ensuite ? Qui sait ?
La BD étant une drogue dure, j’aurai probablement besoin d’un nouveau projet et ce, même si j’ai moins d’années devant moi que derrière. Je compte enseigner encore quelques années, mais pas jusqu’à 70 ans tout de même, alors que, pour le dessin, je n’en vois pas la fin.
En réfléchissant à mes projets futurs, trois options me viennent à l’esprit.
Première option : Compléter «Élixir X», qui deviendrait le neuvième album de la série «Red Ketchup». Il y manque 22 pages, soit exactement la moitié. Cela me ferait tout de même un drôle d’effet de reprendre au vol une histoire interrompue en 1995. Tout ça bien sûr à condition que l’intérêt pour la série actuellement en réédition à
Deuxième option : Si j’ai encore envie de me replonger dans Kafka, je pourrais poursuivre dans la lignée du «Nouvel Avocat» (voir dans ce blog le message du 7 juin 2009) en réalisant de courtes histoires inspirées de ses récits animaliers. Il y en a plusieurs, qui mettent en scène, en plus du cheval avocat, une souris cantatrice, des chacals bavards, un singe érudit, etc. J’exclurais toutefois «
Troisième option : C’est bien joli d’écrire un scénario en collaboration ou encore d’adapter l’œuvre d’un auteur célèbre et décédé, mais il serait peut-être temps pour moi de produire seul un récit totalement inédit, chose que je n’ai pas faite depuis fort longtemps. L’écriture ne me fait pas peur, c’est le choix d’un sujet qui me paralyse. J’ai sûrement des choses à dire, mais je ne sais pas lesquelles. La BD «de genre» ne me dit rien, l’autobiographie pas vraiment.
Alors, je me suis dit : pourquoi ne pas y aller sans sujet prédéfini, sans synopsis, en laissant l’histoire apparaître au fur et à mesure ?
Cela ne veut pas dire tomber dans la pure improvisation, en faisant n’importe quoi. Tout d’abord, le dessin serait soigneusement planifié, de l’esquisse préliminaire au rendu final, comme je fais toujours. Et le récit n’aurait pas à être incohérent ou confus. Il s’agit de le construire logiquement, en enchaînant case après case, page après page, mais sans savoir nécessairement ce qui vient après. Ce qui rend une histoire intelligible, ce n’est pas le plan d’ensemble, mais le fil du récit, la succession naturelle des événements, un peu à la manière d’un «road movie». Le roman «L’Amérique» n’est pas construit autrement.
Le chemin peut être tortueux, nous emmener n’importe où, du moment qu’il est continu, sans rupture. J’ai toujours préféré d’ailleurs ce genre d’histoires à celles où tout semble planifié d’avance en vue du dénouement final. Lorsque Chris Ware a entrepris son «Jimmy Corrigan», il ne se doutait pas où l’aventure allait le mener, ni qu’il allait produire un roman graphique de 380 pages. Et pourtant, l’album terminé a une force et une cohésion stupéfiantes.
J’aime les histoires arborescentes, les récits à tiroirs, comme les Contes des Mille et une Nuits, dans lesquels Schéhérazade raconte à son mari des histoires dont les personnages deviennent à leur tour narrateurs d’autres histoires, qui contiennent elles-mêmes de nouvelles histoires, et ainsi de suite. Ce procédé était poussé à la limite dans un film polonais «Le manuscrit trouvé à Saragosse», que j’ai vu il y a bien des années. Je pense aussi au «Fantôme de
C’est un peu dans cette direction que j’aimerais aller en bande dessinée, sans trop savoir ce qu’il y a au bout, en faisant simplement confiance à mes moyens. J’aurais sans doute plus de plaisir à produire un album, mais aussi plus de doutes et de questionnements en cours de route. Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que ce serait probablement une histoire contemporaine, mais avec des ramifications dans le passé.
La question est de savoir quoi mettre à la première case.
J'aime bien me raconter des histoires sans les scénariser. Je ne suis pas un bon scénarisateur. Mais j'aime raconter des histoire qui commence souvent avec un objet bizarre tombé d'un camion sur l'Autoroute et pendant que je rend au boulot je me demande comment cette objet a bien ce rendre à cet endroit. C'est une peu comme de l'improvisation aussi. Ça me fait penser a un gag de Gaboury où un auteur célèbre déconne sur ça machine a écrire a propos d'une craque au plafond et est crampé à l'idée d'en faire un roman de 500 pages.
RépondreSupprimerUne telle histoire, (scénario qui évolue au fil de la production) c'est un peu ce que vous faisiez avec Fournier dans Michel Risque, me semble. Est-ce ce dont tu parles?
RépondreSupprimerUn peu, oui, surtout au début. Mais on avait déjà un personnage central au départ
RépondreSupprimerDans un univers plus onirique, il y avait"ici même" de Tardi et Forest qui a été fait de cette façon, si je me rappelle bien.
RépondreSupprimerhahaha Fournier "moins mort que Kafka"... 'est bonne Réal.
RépondreSupprimerMoins mort que Kafka... Je devrais mettre ça sur une carte d'affaire.
RépondreSupprimerRéal, moi je vote pour les options 1 et 3. Et tu pourrais même faire les deux.