jeudi 7 février 2013

Kafka et moi





Le roman «L’Amérique» de Kafka est génial. S’il en avait été autrement, je n’aurais jamais songé à l’adapter. Mais c’est en même temps une œuvre inachevée, imparfaite, parfois décousue, déroutante. C’est ce qui rendait pour moi les choses particulièrement intéressantes, le défi étant d’en tirer, tout en respectant les intentions de l’auteur, un récit, un scénario et une BD qui se tiennent. Il a fallu pour cela élaguer (sans quoi je me serais retrouvé avec un album de mille pages), simplifier, condenser, résumer, sans que cela ne se sente trop, mais aussi reconstruire, enchaîner et faire quelques ajouts pour remplir les trous, notamment à l’avant-dernier chapitre, où certains passages sont de pures fabrications.


Il y a de l’humour dans Kafka, beaucoup d’humour. Encore faut-il savoir le détecter. Tout est dans le point de vue, dans la façon dont on l’aborde. Cet humour particulier, où entrent absurde, pessimisme et auto-flagellation est souvent qualifié d’humour juif. On peut penser à Woody Allen, à Mordecai Richler, à Art Spiegelman et à plusieurs autres. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’être juif pour l’apprécier, ni même pour le pratiquer.