
Robinson se livre à l’endroit de Karl à des épanchements d’amitié dont seul un ivrogne est capable.

Au bord de la panique, imaginant le pire, Karl ne sait plus quoi faire de Robinson qui ne va pas bien du tout, qui déclare qu’il veut mourir et qui est incapable de faire un pas. Finalement, il parvient de peine et de misère à le traîner jusqu’au dortoir, non sans avoir prévenu un autre groom pour qu’il s’occupe de son ascenseur.
Il revient ensuite en toute hâte reprendre son poste, pour constater qu’un remplaçant a déjà pris sa place. On lui explique qu’il y a eu un afflux soudain de clients, que le gérant de l’hôtel s’en est aperçu et qu’il est furieux contre Karl.


Ne sachant trop s’il doit partir ou rester, Karl reste planté là en silence. Il commence à se dire que sa situation n’est peut-être pas aussi grave qu’il n’y paraît ...



Je dois dire que, parmi toutes ces étapes, je déteste particulièrement celle de l’encrage. Plus précisément, je déteste encrer un dessin déjà crayonné. Certains, comme Johann Sfar, préfèrent encrer directement sans crayonné, parce qu’ils trouvent mortellement ennuyeux de faire deux fois le même dessin.
Mais l’ennui est une partie inhérente du travail d’auteur de BD. Je ne sais plus quel écrivain déclarait : «Je déteste écrire, mais j’aime avoir écrit». En fait, la valeur de l’œuvre n’est pas nécessairement reliée au plaisir qu’on aurait à la produire. Pas plus d’ailleurs qu’à la souffrance. On a beau être passionné par ce qu’on fait, il y a des façons plus agréables de passer le temps que de s’asseoir des journées entières seul à sa table à dessin ou devant son écran d’ordinateur.
Des solutions ? L’encrage direct sans crayonné, très peu pour moi. Je ne suis pas un adepte de la spontanéité à tout prix, je n’ai pas le culte du premier jet. Le dessin est pour moi une chose qui doit être pensée, planifiée, couche après couche. Autrement, ça ne mène pas très loin (je parle pour moi, bien sûr).
Confier l’encrage à quelqu’un d’autre, comme dans l’industrie du comic book ? Pas question. D’ailleurs, comment je le paierais ?
Fignoler le crayonné de façon à ne pas avoir à l’encrer ? Je l’ai déjà fait, entre autres pour les dessins d’enfant du chapitre précédent. Mais, pour une planche de BD complète, cela me semble difficile à gérer et risque de prendre autant de travail, sinon plus, que la méthode traditionnelle.
Tout faire à la tablette graphique ? J’essaierai peut-être un jour, mais, pour l’instant, je suis loin d’être assez convaincu pour me payer une tablette-écran.
Quoi qu’il en soit, je ne peux pas changer de méthode au beau milieu du projet. Le résultat final en souffrirait. Que je le veuille ou non, je suis enfermé dans un système qui me paraît de plus en plus laborieux.
En outre, je ne peux m’y consacrer qu’à temps partiel. Les cours à l’Université sont terminés (tout comme la saison du Canadien), mais j’ai encore un million de choses à faire.
Alors ... patience et courage !