mardi 20 janvier 2009
CHAPITRE II : L’ONCLE
Karl habite une cage dorée chez son oncle, dans l’immeuble qui abrite également les bureaux de l’entreprise de ce dernier, en plein cœur de New York. Au début, il n’a rien d’autre à faire que de regarder par la fenêtre.
La scène de rue que j’ai dessinée, bien que documentée, est fictive. C’est un amalgame, tiré de diverses photos d’époque. C’est généralement de cette façon que j’utilise la documentation iconographique. Cela me semble plus intéressant que de calquer servilement une photo. Autre particularité de mon dessin : à l’exception des contours de case, aucune ligne, que ce soit au crayonné ou à l’encrage, n’est tracée à la règle.
L’Oncle est un homme très strict, mais aussi plein d’attention pour son neveu. Il lui fait cadeau d’un bureau très particulier, une sorte de secrétaire dont la disposition des casiers peut être modifiée à volonté d’un tour de manivelle. Ce bureau très high tech évoque chez Karl des images qui le ramènent en arrière, très loin de New York.
Quant à moi, ces images me rappellent le pavillon de la Tchécoslovaquie, à l’Expo 67. Les Tchèques ont une riche tradition dans l’art de fabriquer ce genre de jouets mécaniques.
Karl ayant mentionné qu’il pianotait un peu jadis en Europe, son oncle lui offre un magnifique piano à queue. L’Oncle lui ayant demandé de lui jouer quelque chose, Karl exécute péniblement la seule pièce dont il se souvienne, une vieille marche militaire de son pays.
Comment représente-t-on la musique par le dessin, particulièrement de la musique mal jouée ?
Afin de devenir un parfait citoyen américain, Karl apprend l’anglais et est initié par son oncle au monde des affaires.
Cette image m’a été plus ou moins inspirée par une scène du film «Le Procès», d’Orson Welles (on reste dans Kafka), que j’ai vu il y a très longtemps. On remarquera aussi la petite acrobatie spatio-temporelle, qui fait apparaître Karl et l’Oncle trois fois dans la même case. Habituellement, j’évite ce genre d’artifice en BD, mais ici, je trouvais que ça fonctionnait bien.
En cherchant sur Internet des documents d’époque sur l’équipement de bureau, je suis tombé sur cette superbe illustration publicitaire, dont la trace se retrouve dans la BD.
Karl fait la connaissance d’un certain Mack, fils de famille riche et cavalier émérite, qui lui donnera des leçons d’équitation. L’Oncle le présente aussi à deux de ses collègues et amis, MM. Green et Pollunder.
Ici, l’écriture du dialogue posait un problème particulier, relié à ce qu’on appelle le «shop talk». À quoi pouvait bien ressembler la conversation entre des magnats de la finance new yorkais dans les années 1910 ? J’aurais pu, par souci de réalisme, effectuer une recherche, mais c’eût été une tâche assez ardue et, tout compte fait, inutile, n’apportant rien au récit. J’ai donc opté pour ce petit collage, que je trouve assez amusant. Un œil averti pourrait peut-être remarquer l’anachronisme des cours de la bourse qui figurent dans les phylactères, puisque je les ai simplement découpés dans le journal.
M. Pollunder commence à s’intéresser à Karl et l’invite à la maison de campagne où il habite avec sa fille. Karl demande la permission à son oncle. Celui-ci, qui est comme on sait un homme très strict, se montre d’abord réticent et émet toutes sortes d’objections, mais finit par se laisser convaincre. Mais la vie nous apprend la fragilité du consentement qu’on finit, à force d’insister, par arracher à quelqu’un. Karl ne tardera pas à s’en rendre compte ...
Il part donc en voiture en compagnie de M. Pollunder. Retardés un moment par la circulation et par une manifestation de grévistes, ils sortent enfin de la ville.
L’action, qui se déroulait jusqu’alors dans un lieu géographique clairement défini, se déplace pour les chapitres suivants dans une sorte de «no man’s land» imprécis, quelque part entre la ville et la campagne. J’aime bien l’atmosphère de cette scène de banlieue industrielle au crépuscule.
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Bonjour,
RépondreSupprimerTu ne te souviendras pas de moi. À l'époque, c'était à Québec, nous participions à une impro BD sous les auspices de Jean Lefebvre. J'avais présenté quelques planches que tu avais, je crois, appréciées mais tu avais trouvé que c'était un foutu travail de moine ! sous-entendant que ce n'était pas ta tasse de thé...
Aujourd'hui, je te rends affectueusement le compliment. Tu me les scies ! Et en plus il s'attaque à Kafka. Bravo !
Robert Julien
Bravo pour cet excellent travail! Je suis une amie de Martin Roux qui m'a suggéré votre site.
RépondreSupprimerJe suis illustratrice et amateure de BD. J'aime vraiment ce que vous avez fait. Bravo encore!
Rielle Lévesque