mardi 19 janvier 2010

Métaphores canines

À la page 106 de l’album, Karl et Robinson sont relégués sur le balcon de l’appartement, alors que Delamarche donne son bain à Brunelda. Robinson se lamente sur son sort, se plaint de sa condition de domestique, du peu de respect qu’ont à son égard Delamarche et Brunelda, et se compare lui-même à un chien (la référence canine n’apparaît pas comme telle dans le texte du roman, mais elle est implicite).


En travaillant sur les esquisses, j’ai pensé pousser un peu plus loin la comparaison avec une petite touche surréaliste, en donnant à Robinson l’aspect d’un chien, un peu comme Gregor Samsa transformé en cafard dans La Métamorphose. Sauf qu’ici, la transformation ne dure que le temps d’une case et reste partielle : ou bien je dessine la tête de Robinson avec un corps de chien, ou bien je fais l’inverse.


De cette façon, cependant, l’image et le dialogue disent exactement la même chose. Bien que je ne déteste pas l’effet de pléonasme ici, je peux aussi l’atténuer ou l’éliminer en modifiant la réplique de Robinson. Il pourrait dire : «À force d’être traité comme un chien, on finit par s’habituer ...», ou encore : «À force d’être traité ainsi, on finit par perdre sa dignité». Mais je ne suis pas sûr que Robinson connaisse le sens du mot «dignité».


J’ai donc le choix entre sept options différentes. Mais ce n’est pas tout : Karl est aussi présent dans la case. Il peut conserver l’expression neutre qu’il a dans la première version, ce qui implique qu’il ne voit pas la transformation de Robinson, laquelle transformation n’est alors qu’une image, une métaphore destinée au lecteur.

Mais il peut aussi réagir à la métamorphose, comme s’il la voyait lui aussi. Il est d’ailleurs tout à fait plausible qu’il ait des hallucinations, étant donné l’état de grande fatigue dans lequel il se trouve.

De plus, l’intensité de sa réaction peut aussi varier : Karl peut manifester une stupéfaction extrême (après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on voit un humain se transformer en chien, ne serait-ce que partiellement) ; il peut aussi montrer une légère perplexité, comme s’il n’était pas tout à fait certain d’avoir bien vu.


En combinant avec les options précédentes, j’arrive à un total de dix-neuf possibilités. On peut dire que j’ai le choix. J’ai le temps aussi, puisque je n’en suis qu’aux esquisses et que, au train où vont les choses, je ne crayonnerai pas cette page avant quelques semaines. Si quelqu’un a une opinion ... Je précise que le choix n’a pas d’incidence sur la suite, puisque la vision s’efface à la case suivante.

OUF ! Heureusement que je n’ai pas besoin de faire pareil exercice pour toutes les cases !

4 commentaires:

  1. J'ai regardé les 2 colonnes de dessins et je me suis demandé pourquoi tu faisais réagir Karl (signes de ponctuation divers). De fait,pourquoi Karl regarde-t-il Robinson?
    Ce dernier pourrait se transformer (sphynx-chien) alors que l'autre l'ignore en détournant le regard, ce qui viendrait appuyer l'idée selon laquelle Robinson a vraiment perdu toute dignité,puisqu'il ne vaut aucun regard... non?

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  2. J'aime bien la case 2 (premier en haut à droite).

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  3. le commentaire d'Anonyme est vraiment intéressant, mais dans les options proposées, je préfère la tête de chien et le corps d'homme, avec la légère perplexité de Karl et la phrase "on finit plus ou moins par en devenir un"

    C'est le trio gagnant, d'après moi. :)

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