La majeure partie du chapitre VI se déroule dans le bureau du gérant de l’hôtel et prend plus ou moins la forme d’une pièce de théâtre, dans laquelle se déroule un procès, un procès d’un genre particulier où l’accusé est reconnu coupable avant même d’avoir été jugé et qui ne sert qu’à l’accabler davantage.
Les acteurs du procès :
L’accusé : Karl Rossmann, groom d’ascenseur.
Au fond, Karl n’a rien à se reprocher, si ce n’est d’avoir momentanément quitté son poste pour tenter de régler le problème causé par l’ébriété de Robinson. Il doit donc payer pour les frasques d’un autre. L’accusation est injustifiée et le motif est futile, mais peu importe.
On a dit que Kafka était terrifié par l’autorité. Dans son monde, on est toujours accusé, quoi qu’on fasse. Dans son autre roman, «Le Procès», le motif de l’accusation est réduit à rien, une simple inconnue. On ignorera jusqu’à la fin de quoi le héros est accusé. Il est accusé, voilà tout.
Karl comprendra bien vite qu’il ne lui sert à rien de chercher à se justifier dans cette cause entendue à l’avance et que tout ce qu’il pourra dire se retournera contre lui. Il utilise donc le dernier privilège qu’il lui reste, celui de garder le silence.
Le juge : M. Isbary, gérant de l’hôtel Occidental.
Le gérant n’a rien contre Karl au départ. Mais c’est un homme stressé et surmené, qui tient par-dessus tout à ce que rien n’entrave le bon fonctionnement de l’hôtel. Il veut régler l’affaire rapidement. De toute façon, il a décidé dès le début que Karl devait être congédié.
Le procureur : Féodor, portier en chef.
Contrairement au gérant, il déteste Karl, chose que ce dernier ignorait totalement auparavant.
Non content de l’accuser de négligence, il accumule contre lui faussetés et demi-vérités, pour tenter de brosser de lui un portrait aussi noir que possible et de le présenter comme un noceur, un escroc, un voleur, un gibier de potence. Dès l’instant où Karl est pris en faute, il perd toute crédibilité et on peut l’accuser de n’importe quoi.
De plus, le portier est une brute sadique et un véritable nazi. À la fin du chapitre, le procureur se changera en bourreau et cherchera à s’en prendre physiquement à Karl.
Le témoin de l’accusation : Best, groom en chef.
Ce gros garçon à l’air bonasse n’a apparemment rien contre Karl. Il se contente de rapporter les faits, lesquels serviront éventuellement à aggraver l’accusation, comme il se doit.
La défense : Grete Mitelsbach, cuisinière en chef ; Thérèse Berchtold, secrétaire de la cuisinière en chef et amie de l’accusé.
Les deux femmes ont gardé toute leur sympathie pour Karl, mais ne peuvent pas grand-chose pour lui. D’ailleurs, la cuisinière en chef n’est même pas convaincue de l’innocence de son protégé. Le fait que le gérant Isbary soit épris d’elle ne suffit pas à faire pencher la balance en faveur de Karl. La cuisinière en chef cherchera néanmoins à lui venir en aide après qu’il soit congédié.
Quant à Thérèse, probablement convaincue pour sa part de l’innocence de Karl, elle intervient pour tenter d’empêcher le portier de le brutaliser. Mais, dès l’instant où elle se met à pleurer, elle ne lui est plus d’aucun secours.
Gros projet mister Godbout !
RépondreSupprimerJe découvre avec ravissement ton Blog... j'y reviendrai !
Bon été !