À l’Hôtel Occidental, le dortoir des grooms n’est pas un endroit de tout repos, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est une sorte d’Animal House où règne en permanence un chaos total : bagarres, beuveries, désordre, tumulte et déconnage en tous genres. C’est là que Karl tente en vain d’étudier la correspondance commerciale, c’est là aussi que Robinson se fait tabasser par une meute de grooms surexcités.
Dans l’album, le dortoir des grooms apparaît à quelques reprises (voir messages du 4 avril et du 27 juin), ce qui donne lieu à des variations récurrentes sur le thème du chaos, un peu comme dans les chambres d’hôtel de Red Ketchup (pour ceux à qui ça dit quelque chose).
Si on met ces variations l’une à la suite de l’autre, voici ce que ça donne :
Dans le cinquième et dernier dessin, Karl, récemment congédié de l’Hôtel Occidental, doit rendre son uniforme et endosser ses habits civils. Sous peine de subir les foudres du Portier en chef, il doit s’exécuter en moins de quinze secondes. Le chaos est plutôt ici d’ordre vestimentaire.
À propos de chaos, le défi pour moi est de le représenter avec la ligne claire, en évitant la confusion. Le sujet est désordonné, mais le trait ne l’est pas, ce qui me force à travailler particulièrement les détails. Ce soin quasi maniaque est d’ailleurs ce que l’on remarque généralement le plus dans mon dessin, que cela me plaise ou non. J’espère quand même qu’on y voit aussi autre chose.
Parfois, les détails sont microscopiques, au point où je m’arrache les yeux (et les cheveux) et me mets à souhaiter faire un autre métier, comme dynamiteur ou opérateur de pelle mécanique. Heureusement, le pinceau me permet d’obtenir une plus grande finesse de trait que le crayon. Donc, si je suis capable de dessiner un micro-détail au crayon, je sais que je serai capable de l’encrer.
À petite échelle, on peut –et on doit– simplifier, mais ça ne rend pas les choses plus faciles. La simplification ne se fait pas toute seule. Le plus frustrant, c’est que ces menus détails, qui me donnent tant de mal, risquent de passer inaperçus, à cause de leur petite taille justement, comme le joueur d’harmonica dans le premier dessin du dortoir ou le jeu de fléchettes dans le troisième.
Alors, pour une fois, je me fais plaisir et je présente en version agrandie, afin qu’on les voie bien, ces détails qui, au format original, tiendraient sur l’ongle de mon pouce.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.